Rêve d'Europe

Publié le par Les Verts de Lomme

Wir, ein Traum - Andreas Laugesen


C'est un rêve dans lequel je commence par me réveiller.

Je sors de chez moi, je marche dans les rues de mon quartier.

Un petit quelque chose a changé, je ne sais pas quoi, il faut regarder attentivement,

C’est affaire de détails, affaire de rythme, affaire de bruit,

Moins de voiture peut-être, moins de …

Je ne reconnais pas tout, des vitrines de magasins ont changé, moins de banques et à la place comme des lieux de rendez vous et d'échanges de fruits et de légumes entre des paysans et les gens de ma rue, d'autres magasins proposent de réparer ou recycler des objets usagés, Plus loin je rencontre mon voisin, il me raconte qu’il n'avait plus de travail et que l'ancienne usine chimique reconvertie lui a proposé une formation pour participer à la construction de grandes hélices que l'on peut voir à moitié bâchées devant l'usine, il me raconte aussi que son fils a eu son diplôme et qu’il a été immédiatement embauché dans le chantier de réhabilitation et d’isolation des bâtiments de la rue derrière..Il semble rassuré, il m’explique qu’il est content pour son fils, qu’il a eu peur qu’il ne trouve pas sa place dans la vie, il a eu peur, mais maintenant ça va mieux.


J'arrive au jardin public, il y a une fête qui accueille des artistes, je ne comprends pas ce qu'ils disent, ils s'emploient à raconter une histoire que tous les gens du quartier ont l’air de comprendre car cela semble être leur histoire. Ils me font comprendre qu'ils sont là depuis un an, qu'ils travaillent avec des artistes d'ici pour inventer des formes artistiques partagées avec les habitants, ils me disent qu'ensuite ils iront ensemble raconter l'histoire d'un autre quartier, dans une autre ville.


La représentation commence, l'histoire est simple: un jour une femme se lève, puis un homme, ils sont bientôt dix, Ils racontent l'injustice et la fatigue, Ils jouent la colère, et ils réinventent soudain l'espoir de ceux qui racontent le monde « non tel qu'il est, ni tel qu'il devrait être mais comme on le voit en rêve.. » La représentation se termine mais chacun reste encore pour prolonger ce moment de la communauté, révélée dans l’instant d’une même émotion, d’une même intelligence du monde dans lequel nous vivons.


Je me remets en route, les rues maintenant me semblent étrangères, je découvre que mon quartier se prolonge avec d’autres quartiers dans d’autres villes que je parcours, en rêve naturellement.

Partout je retrouve ces mêmes petits détails, comme le début d’une métamorphose annoncée, comme si toutes ces villes d’Europe faisaient un grand corps, un géant trop longtemps endormi, qui s’ébroue avant de se lever.

Et mon quartier, est une petite partie de ce grand corps, petite mais indispensable,

L’Europe que je rêve c’est le rêve de mon quartier qui aurait commencé à bouger.

L’Europe que je rêve, c’est mon quartier qui s’étendrait à tous les quartiers, sans limites ni frontières

L’Europe que je rêve, c’est mon quartier quand mon voisin n’a plus peur pour son fils, quand mon voisin n’a plus peur des autres quartiers du monde, là, au bout de la rue.



Lomme le 19 mars 2009


Vincent Dhelin

Metteur en scène- les Fous à réaction (associés)

Militant Vert

Comité « Europe écologie la Deûle ouverte »

Et vous, à quelle Europe rêvez-vous ?

Publié dans Elections

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N
"Insomnie : maladie des époques au cours desquelles on ordonne aux hommes de fermer les yeux sur beaucoup de choses."<br /> (Pensée Echevelée de Stanislaw Jerzy Lec)<br /> Merci, Vincent, pour ce beau texte qui donne envie d'avancer, yeux grands ouverts, dans un monde qui aurait retruvé une valeur qui n'a pas de prix : son humanité... nelly
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F
"Nous ne cherchons pas à construire un impossible monde meilleur, mais à réduire les conséquences sociales du pire qui arrive. Nous n'avons pas choisi cette réalité de la catastrophe écologique, elle s'impose à tous. Nous avons même intensément lutté depuis trente ans pour essayer de l'éviter. Nous avons échoué. Notre responsabilité est désormais de changer de posture. De nous préparer à affronter l'inflation, la récession, les tensions sociales et internationales, la guerre."<br /> Yves Cochet, in Antimanuel d'Ecologie, p.15, Editions Bréal.
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